Cosi fan tutti by Michael Dibdin

Cosi fan tutti by Michael Dibdin

Auteur:Michael Dibdin [Dibdin, Michael]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 978-2-7021-2825-4
Éditeur: Calmann-Lévy crime
Publié: 1996-01-01T00:00:00+00:00


La sorte incolpa

La faute au destin

— Non, là n’est pas le problème. Vous êtes malchanceux, voilà tout.

La personne qui venait de prononcer ces mots – une femme, à en juger par l’intonation de sa voix – était vêtue d’un uniforme de la police. Elle fumait un petit cigare et portait des lunettes de soleil. La vaste pièce était plongée dans la pénombre, les volets étaient fermés.

— Ça peut arriver à tout le monde d’être malchanceux, répondit Zen.

La vice-questeur Piscopo tapota son cigare, faisant choir bien proprement sa cendre dans le cendrier en acier qui ornait son bureau.

— Une fois, certes, répliqua-t-elle. Et même à plusieurs reprises. Mais il y a une logique à cela, comme en tout. Les exceptions ne font que confirmer la règle. Statistiquement, vous vous êtes révélé malchanceux.

Elle prit une feuille de papier dans le classeur ouvert devant elle.

— C’est un engrenage, dottore. Et je l’ai identifié bien avant d’être informée de vos derniers petits ennuis… je parle du fait que vous vous soyez laissé voler votre portefeuille. Cette logique aurait dû me permettre, d’une manière ou d’une autre, de le prévoir.

Une pause.

— À Milan, vous arrêtez à tort un homme pour le meurtre de Tondelli. Et vingt ans plus tard, il tente de vous tuer après sa sortie de prison. À Rome, vous « élucidez » l’enlèvement d’Aldo Moro, malheureusement trop tard pour sauver la victime. Même chose, deux ans plus tard à Pérouse, avec la famille Miletti. En Sardaigne, vous échafaudez une solution arrangeante à la sanglante affaire Burolo, pour faire plaisir à vos contacts du Palazzo Sisti… lesquels contacts disparaissent de l’éventail politique à peine un an plus tard. Comme si vous vouliez démontrer l’étendue de votre incompétence, vous vous mettez alors à proférer d’absurdes accusations à l’égard d’un éminent homme politique régional, à présent maire de Venise et proche allié de votre propre ministre. Et maintenant, cela…

Zen ne dit rien. Depuis dix minutes qu’il avait été admis dans la pièce, la vice-questeur Piscopo n’avait en rien évoqué l’affaire en cours. Il comprit que cela avait été une erreur de mentionner le vol de son portefeuille. Il avait cru bon de justifier ainsi son manque de ponctualité, mais cela ne faisait simplement que souligner son incompétence et sa maladresse – et la thèse que les autorités avaient apparemment adoptée concernant ses états de service. Lorsque la Piscopo en vint enfin à mentionner l’incident de la nuit précédente, son interprétation concordait pleinement avec ce point du vue officiel.

— Sur la base de notre enquête, nous pouvons éliminer l’hypothèse d’une attaque préméditée. Les tueurs qui étaient à bord du véhicule municipal volé ignoraient la présence de la voiture de patrouille où se trouvaient vos hommes, avant que ne survienne l’accident de circulation, en lui-même parfaitement imprévisible.

Zen fixa les verres réfléchissants.

— Qui étaient-ils ?

— Les bandits armés ?

Elle fit un geste indiquant que cette affaire avait déjà été classée dans une vaste catégorie baptisée TRUCS BIZARRES QUI SE PASSENT QUAND AURELIO ZEN EST DANS LES PARAGES.

— Selon les témoins, il y avait entre quatre et huit hommes à bord du camion de ramassage des ordures.



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